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9 heures 55, mars
26 novembre 2006

measuring cups -

Quand je suis tombé amoureux de toi on était en mai.
C'était toi la plus populaire dans la classe, c'était toi que tous les garçons regardaient, que toutes les filles enviaient. Moi je ne voyais que tes yeux bleus, tes jupes à froufrous, tes petits doigts souples. Quand il faisait beau, il y avait des reflets dans tes cheveux, on aurait dit du sable sur la plage ou du maïs chaud. J'écrivais ton prénom dans la marge, j'avais même fait la liste de tous les mots qui rimaient avec.

Quand on s'est embrassés pour la première fois, on était vendredi.
Au bout d'un an je connaissais tes yeux par coeur. Une fois on avait eu un fou rire, et tu riais tellement qu'ils étaient devenus turquoise. Quand tu pleurais ils étaient bleu foncé, comme si on avait renversé de l'encre à l'intérieur. A côté de toi, je me faisais l'effet d'être un petit con. Les autres se demandaient ce que tu foutais avec moi, ce que tu pouvais bien me trouver. J'ai jamais su ce que tu leur répondais. Tout ce que je savais, c'est que je vivais pour toi; c'est pour toi que je faisais l'effort de respirer. Parfois je passais des jours entiers au lit, à me shooter aux somnifères, pour ne plus penser à toi en permanence. Tu sais ce que c'est, de penser à quelqu'un à chaque seconde, d'avoir son nom dans la tête, son visage gravé sur la rétine, de pouvoir sentir son odeur rien qu'en fermant les yeux, tu sais ce que c'est que d'avoir quelqu'un dans la peau au point d'en devenir cinglé ?
Tu l'as jamais su, ma pauvre, peut-être que t'as jamais voulu le savoir.

Quand j'ai arrêté de t'aimer, on était en hiver.
Peu à peu tu es devenue différente. Tu as noyé tes yeux dans des litres de mascara qui coulait sous la pluie, et tes cheveux n'avaient plus la couleur du maïs chaud. On a arrêté de faire l'amour quand tes os sont devenus pointus sous ta peau. Aujourd'hui tu t'en fous pas mal de la couleur du ciel le matin, du bruit des cailloux sous les pieds, ça ne t'intéresse plus de savoir combien de grenouilles on peut attraper en une heure, ou combien de kilos de bonbons on peut manger avant d'être malade, ça ne te fascine plus de voir le soleil se lever, de lire de la poésie, ou de savoir que la ligne 14 du métro fonctionne sans conducteur. Tu n'aimes plus les longs trajets en train la nuit, tu n'aimes plus écrire sur le trottoir avec des craies bleues, aller à des concerts, ou manger des marrons grillés.


J'espère que tu me comprendras. Tes yeux étaient devenus trop tristes.

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Commentaires
Z
j'en suis renversé... merci de nous faire partager ce moment de plaisir...
K
je m'ajoute à la liste des gens qui trouvent que ce texte est sublime : )
Y
beau.
M
Ah non non non, je proteste, pas un bon marc lévy après :| non >< ça gâcherait tout...<br /> <br /> (un texte comme ça, c'est fragile, et ça se savoure.)<br /> (mais non, je ne viens pas tous les jours pour le relire, qui a dit ça ?! ^^)<br /> <br /> Je découvre, mademoiselle, et pour ça, ouais, c'est une sacré découverte. :]
M
ça je suis ton namoureuze<br /> j'ai plus qu'aimé ce texte<br /> après un bon marc lévy je te jure que c'est dans la continuité du bazard
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9 heures 55, mars
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